Présentation :
Mustélidé de taille importante, la Loutre mesure environ 1,25 m pour le mâle et 1 m pour la femelle dont une quarantaine de centimètres pour la queue. La morphologie est adaptée à la vie semi-aquatique ; le corps est fuselé, les pattes palmées, la queue musclée, le pelage très dense et les vibrisses sensitives sont très développées. Certaines adaptations sont moins visibles comme la faculté à obturer les narines et les oreilles pendant la plongée ou à déformer le cristallin pour s’adapter aux différences de diffraction entre l’eau et l’air. Le métabolisme et la consommation alimentaire sont importants pour compenser la rapide perte de température en plongée.
La Loutre est opportuniste, elle consomme essentiellement du poisson mais peut aussi manger des crustacés, des mollusques, des amphibiens, des petits mammifères ou des oiseaux.
Elle ne montre pas de saisonnalité marquée, elle est susceptible de se reproduire et mettre bas tout au long de l’année.
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Répartition :
En France les plus faibles effectifs de Loutre ont été enregistrés dans les années 70. La diminution des populations était essentiellement due au piégeage et à la dégradation de la qualité des cours d’eau.
Pour l’Ardèche, sa présence semble avoir été continue sur le bassin versant de l'Allier (rivière Espezonnette notamment). Michelot (1992) la donne absente sur la rivière Ardèche. Seule une série de données sur la Borne (affluent du Chassezac qui rejoint l’Ardèche quelques kilomètres avant ses gorges) de 1981 (Souchon, ONC), 1985 ou 1986 (Vidal, ONC) à 1988 (G. Issartel), montre sans doute une présence ancienne dans ce secteur. Cette rivière est séparée de l’Ardèche par plusieurs barrages pouvant entraver la circulation de la loutre, ce qui pourrait expliquer le fait qu’elle n’ait pas été trouvée sur le Chassezac à proximité de la confluence avec l’Ardèche.
Ce n’est qu’à la fin des années 1990 que Bendelé (CORA, 2000) la redécouvre dans le secteur de la vallée de l’Ardèche jusqu’au Pont d’Arc, probablement suite à une recolonisation depuis le bassin versant atlantique (Allier occupé historiquement, Tarn et Lot plus récemment).
A cette date, seule une donnée indique sa présence en aval des gorges, laissant évidemment supposer une fréquentation de celles-ci. L’année suivante (Bendelé, 2001), cette fréquentation est confirmée sur l’ensemble du linéaire des gorges de l’Ardèche, jusqu’au Rhône.
Depuis, des observations régulières (mise en place d’un suivi annuel par le SGGA dans la RNNGA depuis 2004) ont confirmé la présence permanente de l’espèce au cours des années 2000.
Depuis les années 2000, la plupart des autres bassins versants ont été recolonisés : l'Eyrieux, le Doux et le Rhône de Saint Just d'Ardèche à Limony. La participation de nombreux naturalistes formés au cours des années 2000 permet désormais de suivre plus précisément le retour progressif de cette espèce (association BEED pour le bassin de l'Eyrieux...).
Identification visuelle :
La loutre plonge généralement moins d’une minute, à la surface de l’eau, son déplacement est vif et seul la tête et la queue dépasse de l’eau. Elle se distingue alors :
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Du castor qui a une queue plate et une tête carrée et massive
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Du ragondin qui est plus petit, avec une queue fine, et des oreilles visibles
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Du rat musqué qui est nettement plus petit.
Identification des épreintes :
Pour marquer sont territoire, la Loutre dépose ses crottes (appelées épreintes) sur des lieux stratégiques (confluences, piles de ponts, seuils, rochers émergeants…), Elles sont constituées de restes d’os d’amphibiens, d’arrêtes et d’écaille de poisson noyés dans une substance muqueuse et ont une odeur musquée spécifique. Noires ou verdâtres fraiches, elles deviennent grisâtre avec le temps et se désagrègent progressivement.
Empreintes :
De grosse taille (6x6 cm pour les antérieurs et 6x7,5 pour les postérieurs) avec souvent les 5 pelotes marquées et disposées en étoile autour de la pelote plantaire. Les griffes sont peu visibles et en contact avec les pelotes. Les empreintes doivent être recherchées sur les sites où la Loutre sort de l’eau, notamment pour couper des méandres, pour rejoindre des étangs ou pour longer la rivière lorsque le courant est rapide.
Reste de repas :
La Loutre attaque les gros poissons en les mordants derrière la tête.
En période de reproduction des amphibiens, la Loutre profite de cette abondance alimentaire. Lorsqu’elle consomme des crapauds, elle laisse la peau verruqueuse, la tête et les glandes à venin. Blaireau et Vison laissent aussi ces morceaux mais ont tendance à enrouler la peau comme une chaussette.
Méthodologie de prospection :
Voir l'onglet "Protocole de recherche et saisie des données"
Récolte de matériel génétique :
En raison de l’extension de populations en Ardèche, Drôme et Loire notamment et de l’existence de population isolées (Ain et vallée de l’Arve en Haute-Savoie), le Plan Régional d’Action en faveur de la Loutre attribue une priorité importante à l’étude de l’utilisation de l’espace par analyse génétique. Un programme de récolte de matériel génétique à été mis en place. Pour y participer il faut récupérer des éprouvettes (contacter florian.veau@lpo.fr), récolter les épreintes à l’aide d’un morceau de bois et conserver l’éprouvette au réfrigérateur jusqu’aux analyses.
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